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Françoise Hardy : « Et si je m’en vais avant vous »

Hommage à l’immense auteure compositrice interprète que fut Françoise Hardy. Bien loin de l’icône pour la presse adolescente dans laquelle on a voulu la maintenir à ses débuts, elle a su bâtir une œuvre importante reconnue hors de nos frontières en dessinant presque à elle seule les contours de la pop française.

Avec la disparition de Françoise Hardy se meurt un peu une idée de la pop à la française façonnée au mitan des années 60 par les Gainsbourg, Polnareff, Dutronc et consorts. Et Françoise Hardy donc. Une pop inspirée par la culture anglo-saxonne mais qui ne tourne pas le dos à la richesse de la chanson française : science des arrangements et des orchestrations souvent confiés à des talents d’exception comme Jean Bouchety, Jean-Claude Vannier, Michel Colombier pour ne citer que ces trois figures majeures. Et surtout, un pop qui puisse proposer autre chose chose que ce que le Yé-Yé d’alors proposait aux oreilles des jeunes auditeurs, autre chose que ce que Gainsbourg appelait « du rock sous-titré en français » !

Une icône certes elle l’a été et le restera dans l’imaginaire collectif. On a tous en tête les clichés de Jean-Marie Perrier. Les robes en métal de Paco Rabanne. Mais Françoise Hardy était avant tout une femme à la forte personnalité. Introvertie au franc parler, artiste indépendante, Françoise fut pendant 60 ans une artiste en mouvement.

Contrairement à Jane Birkin qui elle aussi entra en sympathie avec le Swinging London  à peu près à la même époque, « Hardy fut le côté pile de Jane Birkin. Tandis que Jane l’Anglaise, femme de Serge, partait en croisade, Françoise la Parisienne, femme de Jacques, se repliait. Deux émotions convergentes et contraires » selon Véronique Mortaigne du journal Le Monde.

Dès ses débuts discographiques en 1962, Françoise se démarque de la scène musicale par son statut d’auteure compositeure interprète. Cas quasi unique pour l’époque. 10 titres des 12 titres de son premier disque 33t sont écrits et composés de sa main ! Même les Beatles ou les Rolling Stones ne réussirent pas ce coup de force à leurs débuts.

Oui Françoise Hardy reste associée bien malgré elle à ce qui est devenue une rengaine associée à la période yéyé en France, je veux parler du titre « Tous les garçons et les filles ». Titre qu’elle rejette  considérant que c’était une chanson « facile ». Surtout elle n’accepte pas que Roger Samyn (l’arrangeur des chansons) soit considéré comme co-auteur à ses côtés. Pas facile quand on a 18 ans de défendre une certaine indépendance surtout quand on est rapidement surnommée « l’endive du twist » par l’animateur de radio Philippe Bouvard. Encore un individu de l’ancien monde à oublier rapidement.

Françoise Hardy a pour elle toute l’altitude nécessaire pour poursuivre son chemin artistique. Franche aussi bien avec elle qu’avec les autres, elle se retire de la scène en 1969 consciente de sa gaucherie sur les planches. Pour dire vrai, son filet de voix ne se prête pas au jeu des sifflets et des applaudissements. Le studio sera sa deuxième maison. Curieuse de toute, au fait de l’actualité musicale, Françoise Hardy renouvelle la couleur de ses musiques au gré de ses collaborations avec Arthur Greenslade et Jean-Pierre Sabar (Période Vogue), Bernard Estrady et Jean-Claude Vannier (Période Sonopresse), Tuca (album « La Question ») sans parler de Michel Berger (album « Message personnel »), Gabriel Yared (années Pathé) ou Rodolphe Burger (album « le danger). Sans parler de ses multiples collaborations avec Etienne Daho, Damon Albarn de Blur ou Iggy Pop par exemple.

Astrologue, icône pop, femme de Dutronc, teenager de Salut les copains, puis égérie d’Etienne Daho, Françoise Hardy laisse une œuvre introspective dont l’attente et la mélancolie constituent les fondements d’une discographie qui s’étend sur plus de 6 décennies.

« Regarder le ciel
Aller vers l’essentiel
Balayer
Un avenir pas très rose
Dégager
La vérité des choses
Démêler les causes
Des questions qui se posent »

Extrait du titre « La vérité des choses » tiré de l’album « Clair Obscur » (2000)

Retrouvez 20 titres connus ou cachés de François Hardy via notre playlist :

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