Découvrez la scène musicale girondine vue par les bibliothécaires musicaux !

J’adore Godard

Hommage à JLG, le metteur en scène qui a « pulvérisé le cinéma », selon la formule de François Truffaut.

« La musique est un élément vivant, au même titre qu’une rue, que des autos »

Dès les années 1960, le cinéaste franco-suisse a incarné la Nouvelle Vague et contribué à repousser les limites du cinéma français. Que ce soit dans l’esthétique ou la narration.

« On pourrait dire que le son primordial du cinéma de Godard est celui de sa voix, occupée à faire résonner son écriture avec sa diction, sa pointe, son accent. (…) Godard a fait une révolution – le générique qui s’écoute – et enclenché une réaction en chaîne mirifique, qui aboutirait à la naissance, progressive, d’un cinéma pour l’oreille qui n’appartient qu’à lui, jusqu’à son Histoire(s) du cinéma, le premier de ses films à être édité en disque sans ses images, par ECM, comme une évidence. (…) Cinéma pour l’oreille : on emprunte à dessein la formule à une collection d’œuvres rattachées au genre de la musique concrète ou acousmatique, car si Godard était bel et bien un compositeur de films («un film composé par», qui d’autre a osé la formule ?), il était à nos oreilles un compositeur de cette catégorie-là, les acousmatiques. Une famille de créateurs (Schaeffer, Chion, Ferrari…) attentive à toutes les strates de l’audible, incapables (et enchantés de l’être) de différencier entre la soi-disant musique et la prétendue non-musique. Godard compositeur était un monteur de voix et de spectres, de cris et de chuchotements, à l’oreille fabuleusement fine et perspicace, qui savait faire voir et raconter si intensément par la bande (sonore) qu’il en a fait une partie entière de son œuvre, la seule pourrait-on arguer qui savait se passer du visible. »

Olivier Lamm, article publié le 13 septembre 2022 (Libération)