Découvrez la scène musicale girondine vue par les bibliothécaires musicaux !

La Gazette du Festival 33 TOUR #2 : Rencontre avec Diego Gil, écrivain

Petit entretien avec Diego Gil – en marge de la projection du film « The Beach Boys, Smile » le 13 juin à 19h   au cinéma La Lanterne à Bègles – pour évoquer avec lui son parcours littéraire et la sortie de son livre sur l’album « Smile » des Beach Boys.

Diego, dans le cadre du festival 33 tour, tu seras au cinéma la Lanterne à Bègles le 13 juin pour parler de ton livre Smile consacré à l’album culte des Beach Boys. Peux-tu nous expliquer en quelques mots ton parcours et ce qui t’a amené à l’écriture de ce livre ?

D.G : « Après un premier livre sur les Basques à Bordeaux, une étude historique et socio-culturelle, je n’avais qu’une seule idée en tête : la musique. J’avais envie de retranscrire toutes les sensations qui m’accompagnent lorsque j’écoute de la musique. Si de nombreux souvenirs s’effacent avec le temps, ceux qui sont liés à la musique perdurent : mes premières écoutes de Bowie, le grunge et le punk californien, le choc OK Computer et mon désir de découverte grâce à la musique indépendante. Je me souviens aussi de ma première écoute de « Pet Sounds ». J’avais emprunté le CD à la médiathèque d’Hendaye. C’était un moment suspendu. »

"The Beach Boys - Smile" de Diego Gil

 

« Écrire, c’est aussi fixer un savoir. J’utilise également ma formation d’historien pour proposer un récit du passé. À ce sujet, la musique est une ressource inépuisable.

J’ai quelques livres derrière moi et je pense avoir un parcours original. Je me suis pas mal baladé. J’ai écrit sur la scène bordelaise, Joy Division, les messages secrets dans la musique ou les années 60.

Mon dernier livre, sur les Beach Boys, semble toutefois les résumer. Il y a un peu de moi, d’abord, puis la volonté de proposer un autre visage d’un groupe souvent perçu de manière légère. »

 

Le festival 33 Tour met en lumière la musique dans les bibliothèques. Quelle est selon toi le rôle des bibliothèques dans la diffusion de la musique et de la culture en général ? T’arrive-t-il de fréquenter les bibliothèques ? Pour y faire quoi ?

D.G. : « Les bibliothèques ont contribué à ma formation personnelle. Plus jeune, j’y allais pour lire des magazines, des BD, et surtout écouter de la musique. J’ai longtemps fréquenté les bibliothèques, notamment pendant mes années universitaires, et heureusement qu’elles étaient là ! J’essaie d’y retourner aujourd’hui. Mais le manque de temps est un adversaire redoutable. »

« Je me permets de lancer un conseil : les bibliothèques sont des espaces nécessaires. Des espaces de liberté ! »

 

Quel est ton rapport à la scène musicale locale bordelaise et plus largement régionale ? Quels sont les groupes, artistes, acteurs culturels, asso ou salles de concerts qui te tiennent particulièrement à cœur ?

D.G : « Question piège, je vais inévitablement oublier des personnes. Ayant vécu à Bordeaux, j’ai souvent fréquenté sa scène musicale. Quelques lieux emblématiques me viennent à l’esprit ; certains ont évolué, d’autres ont disparu : Krakatoa, le CAT, Barbey, Zoobizarre… »

 

Tu es journaliste, écrivain, et paradoxalement, tu participes à un festival consacré à la musique. Quels sont les écrivains qui t’ont marqué et qui font selon toi le mieux le pont entre littérature et musique ?

D.G : « Concernant les écrivains qui m’ont marqué, presque par ordre chronologique : Zola (je pense m’être arrêté à la moitié de la série des Rougon-Macquart), Barjavel, Isaac Asimov — j’ai connu une énorme phase de science-fiction —, Éric Chevillard et son décalage constant, ou George Orwell. J’ai découvert George Orwell grâce à Bowie, qui avait tenté de mettre en musique 1984. Littérature et musique font donc bon ménage. Avec certains musiciens, je fonctionne par mimétisme. Je tente d’intégrer les œuvres qui les ont marqués. La littérature répond à cette logique. Quelques années auparavant, ce même Bowie avait employé la méthode du « cut-up » de Burroughs, notamment dans Ziggy Stardust. »

« Inversement, la littérature s’inspire de la musique et l’utilise. Virginie Despentes convoque généralement de nombreux musiciens (que j’apprécie d’ailleurs) pour constituer la toile sonore de son récit. En ce moment, je suis littéralement immergé dans les textes sur New York et son monde portuaire de Joseph Mitchell dans « Le Fond du Port ». »

Inversement, si tu devais décerner le prix Nobel de littérature à un musicien, qui serait le lauréat ? (Pas le droit de dire Dylan qui l’a déjà eu)

D.G : « David Byrne, pour Qu’est-ce que la musique ? Voilà à nouveau une autre façon de créer un pont entre le livre et la musique. David Byrne nous livre bien plus qu’une réflexion autour de l’art : c’est un traité personnel sur ce qui nous pousse à créer. »

Enfin, ta playlist pour illustrer tes influences musicales qui nourrissent aussi ton écriture ? 

D.G : « Lorsque j’écris sur un musicien, je suis tenté d’en explorer tous les recoins musicaux. C’est un acte qui peut s’avérer contraignant. Toutefois, pour m’échapper de cet exercice et de la lassitude, je reviens vers certains artistes » :

« Gira » / Melenas

« Sweetaslin » / Don Idiot

« Cauchemars » / Monsallier

« Ville portuaire » / Taulard

« The Forest » / Blue Lake

-Mort Garson « Plantasia »

« Steenvoorde » / Puce Moment