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La Gazette du Festival 33 TOUR – épisode #05 : Rencontre avec Ceïba

Rencontre avec Ceïba afin d’en savoir un peu plus sur le concert qu’elle donnera le vendredi 09 juin à 18h30 à la médiathèque Jean Degoul d’Eysines dans le cadre du festival 33 Tour.

Ceïba, vous êtes auteur-compositeur-interprète de vos morceaux. Vous chantez la terre et les voyages que vous avez parcourus dans une fusion musicale entre jazz et musiques du monde. C’est un peu singulier dans le paysage musical local, n’est-ce pas ?

Alors c’est vrai que le paysage musical local, à Bordeaux en tous cas, est très marqué par le rock, la chanson, etc… mais on est quand même une poignée d’artistes vraiment orientés sur les musiques du monde, heureusement, et on défend ces musiques du monde avec cœur, je pense.

Y-a-t-il d’autres artistes locaux vers lesquels vous vous trouvez des points communs ?

D’autres artistes locaux ? oui il y en a pleins avec qui j’ai des points communs. Déjà je pourrai parler de Jérémie Malodj qui d’ailleurs est aussi auteur compositeur très inspiré des musiques afro caraïbes, particulièrement l’océan indien aussi pour lui. Un très bon ami aussi, je crois qu’on se rejoins sur ces passions là. Après il y a pleins d’autres artistes musique du monde qui font aussi des métissages entre des musiques plus actuelles et des musiques plus traditionnelles comme Eliasse qui est comorien et qui fait une sorte de rock des Comores bien à lui. C’est très très chouette à découvrir aussi.

Le voyage est-il une source d’inspiration pour vous ?

Alors oui, évidemment le voyage est une source d’inspiration, c’est plus que ça même. C’est l’essence même de mon travail, c’est-à-dire que je pense que je pourrais pas faire la musique que je fais aujourd’hui sans vraiment m’imprégner de ces cultures là. Bon c’est vrai qu’on a la chance d’avoir un accès presque illimité à beaucoup choses mais ça n’a rien à voir en termes d’énergie, de sentiments qu’on peut mettre dans la musique quand on passionné par une culture différente de celle dans laquelle on est né il faut vraiment aller puiser à la source, pour moi ça me semble une évidence et c’est aussi dans la puissance de la terre que la musique s’exprime. Par exemple, quand je suis dans un territoire comme la Guadeloupe, je vais partager mon temps entre les cours que je vais prendre, par exemple, mais aussi entre les concerts que je vais aller voir et où je vais prendre le temps de discuter et d’échanger avec les artistes ; et puis du temps dans la nature où je vais aller me ressourcer, prendre de l’énergie. Je peux par exemple commencer à écrire un morceau les pieds dans la rivière. C’est pas la même que dans ma salle de répèt ‘ chez moi à Bègles (Rires). Donc oui les voyages sont ma source d’inspiration. Je dirai même que c’est le point d’ancrage de mes créations.

Que recherchez vous à travers le voyage ? des rencontres musicales ? la découverte de nouveaux paysages ? 

Je recherche profondément une rencontre humaine. Au-delà de la rencontre musicale, c’est de voir qu’est-ce qui, malgré les différences de cultures, qu’on soit à l’autre bout de la planète, qu’on est été sensibiliser au tambour ou à ces musiques, qu’est-ce qui fait que moi je me retrouve là-dedans et qu’est-ce qui m’inspire. Donc je vais aller à la rencontre des musiciens de musique traditionnelle du lieu et puis d’avoir un temps d’échange, d’écoute sur leur façon de vivre leur musique et, au-delà, de vivre leur culture. Tou ce qu’il y a autour. C’est pas simplement la musique. Par exemple, tout le rituel autour de la fabrication d’un instrument. Si qui est quand même très particulier pour le tambour, souvent lié au sacré et à la vie avec une peau animale avec un arbre qui le constitue. Donc voilà, rencontrer des fabricants, rencontrer les gens qui cuisinent local parce que la cuisine c’est aussi une source d’inspiration.

Y-a-t-il des artistes de musiques afro-caribéennes qui vont ont marqués plus que d’autres ? et si oui, lesquel(le)s ?

Bien sûr, j’ai été inspirée par nombreux d’entre eux.

Des artistes de musique arabo caribéenne mais c’est tellement large comme question… bien sur que j’ai été influencé par beaucoup d’entre eux. Pour Cuba, je pourrai citer les grands groupes de rumba célèbres qui m’ont vraiment nourri musicalement : Rumberos de Cuba / Munequitos de Matanzas / Clave y Guaguanco. Pour ce qui est de la musique sacrée, entre autres les musiques Yorubas. En termes de discographie ce serait Abbilona qui a fait un travail incroyable de collectage, d’enregistrements, de chants cérémonies et pleins d’artistes que j’ai rencontré sur place, qui sont pas connus mais qui m’ont énormément influencés. Pour ce qui est des Caraïbes et des Antilles, je vais citer Kassav et Dédé Saint Prix qui est un artiste incroyable en terme d’énergie. Pour Cuba, je vais aussi citer Omar Sosa qui a fait un mélange de jazz et de musique traditionnelle. Il fait pleins de choses intéressantes. C’est un artiste que j’adore vraiment, que j’ai beaucoup écouté.

Pour le Gwo Ka, musique traditionnelle de la Guadeloupe,  en termes de chanteurs,  Robert Loyson, (Napoléon) Magloire, Ti Céleste qui ont fait la renommée du Gwo Ka et pour les tambouillés les joueurs de Ka les plus connus : Vélo, Antoine Santa, André Beloce, Bébé Rosepat que j’ai pu rencontré cette année.  Et Kristèn Aigle. Actuellement, quand je vais en Guadeloupe, je travaille avec un jeune groupe « 7 Son @ To » qui prépare leur deuxième album : c’est vraiment un travail hyper intéressant, c’est pointu, il y a une vraie patte c’est original et vraiment dans une recherche de la façon de faire des anciens particulièrement à Basse Terre ou c’est quand même assez différent de ce qui peut se jouer en Grande Terre même si ça c’est des généralités car finalement le Gwo Ka se joue de façon différente dans plein d’endroits en Guadeloupe. En tout cas ce groupe « 7 son a To » c’est à découvrir. Ils ont sorti un premier album déjà en ligne « La Nou Yé » en ligne et aussi un EP. Donc courrez écouter.

Et je vais citer » Fanm Ki Ka » parce qu’elles font un super travail et en plus ce sont des femmes au tambour et ça a le mérite d’exister, c’est quand même récent et c’est super chouette que cela existe donc bravo les filles.

Cela représente-t-il quelque chose de particulier de jouer dans une bibliothèque dans le cadre d’un festival qui met la musique à l’honneur la musique dans les bibliothèques ?

Alors oui, c’est intéressant de jouer dans une bibliothèque, médiathèque ou non. Ce que l’on voit qui est quand même assez triste c’est que c’est un peu la fin de la musique sur un objet bien qu’il y ait quelques réminiscences du vinyle, la musique est maintenant numérique à 95% et c’est vrai que moi j’ai connu l’époque où l’on venait fouiller dans les rayons des médiathèques et trouver des disques improbables. Je trouve que c’est dommage qu’il n’y est pas plus de musique en médiathèque. Il y a des trucs à inventer, à restructurer. A côté de cela, je suis une fan invétérée de BD donc je passe du temps dans les bibliothèques (rires) à trouver des BD, ça m’aide à décrocher quand j’ai la tête trop pleine de notes de musique donc je suis très contente de jouer dans une médiathèque. En fait, cela m’arrive assez souvent parce que j’ai un spectacle jeune public qui tourne pas mal sur ce genre de lieu.. Je trouve d’ailleurs assez génial de faire un concert au milieu des livres… voilà pour moi la musique c’est dans tout, de mélanger différents arts c’est toujours intéressant.

Quels sont les 10 titres de la bande-son de votre vie ? 

Pour cette dernière question, je vais bien sûr proposer des titres d’artistes dont j’ai parlé durant l’entretien mais comme la question est « faites la playlist de votre vie », je vais aussi mettre une composition, « un petit bout de toi » qui est un titre que j’avais écris pour mon deuxième album. Quand on ne connait pas l’histoire, on peut peut être se dire que c’est une histoire d’amour que j’ai écrite pour quelqu’un mais non pas du tout, en fait, c’est l’histoire d’Amour avec un grand A, un amour universel. Cette chanson je l’ai écrite pour toutes les personnes qui m’ont donné une partie de leur repas, qui m’ont accueilli chez eux que ce soit au fin fond de l’Afrique ou à Londres avec des cubains et des russes et des gens qui venaient de partout pour partager la même musique, qui m’ont transmises leur joie de vivre, de partager la musique. Ce sont des souvenirs qui restent dans ma tête, dans mon cœur, qui font ma force. Il y a des gens qui sont encore là, d’autres qui sont partis, mais ils font toujours partie de moi en tous cas.

A visionner aussi sur YouTubeMusic

Titre 1 : Ceïba / un petit bout de toi / tiré de l’album TOUT VA

Titre 2 : Ganavya & Munir Hossn / « Brother idea » / album « Sister idea »

Titre 3 : 7son@to / lawonn / tiré de l’album LA NOU YE

Titre 4 : omar sosa / rojo chango / tiré de l’album sentir

Titre 5 : Kan’nida / evariste syed lon / tiré de l’album Kyenzenn

Titre 6 : Maya Kamaty / ansanm / tiré de l’album « Santié Papang »

Titre 7 : Clave y guaguanco / extraits d’enregistrements live

Titre 8 : Ire ariku / Eshu afra /Honrando Nuestro Fundamento

Titre 10 : Jérémie malodj / Le Vent / extrait de l’album « Au milieu de l’eau »

Titre 11 : Mayra Andrade / tunuka / studio 105

Titre 12 : Fanmkika / elwa / Fanmkika