Découvrez la scène musicale girondine vue par les bibliothécaires musicaux !

La Gazette du Festival 33 TOUR – épisode #08 : Rencontre avec l’association Slowfest

Rencontre avec l’association Slowfest en prélude à leur intervention autour de la transition écologique dans la filière musicale programmée dans le cadre des Jeudis du Rayon au sein du festival 33 TOUR à la bibliothèque Mériadeck le jeudi 13 juin à partir de 18h.


Bonjour David,

Le festival 33 TOUR, événement musical annuel proposé par les bibliothèques et les médiathèques de la métropole bordelaise, a pour ambition de valoriser la scène musicale locale dans toutes ses esthétiques et sous toutes ses formes (concerts conférences, ateliers…). Notre programmation autour des acteurs locaux favorise la filière courte de la musique, plus responsable et plus éthique.

Votre association expérimente elle aussi depuis 2015 de nouveaux modes plus écologiques et moins énergivores de création et de diffusion des musiques actuelles : concerts sans amplification ou sur sono solaire, tournées d’artistes à vélo, micro-festival en autonomie énergétique.

Qu’est ce que vous pensez de votre place dans un festival comme le festival 33 TOUR ?

Nous sommes ravis de participer à ce festival dans une médiathèque. Notre collectif a pour but de développer une culture plus respectueuse de l’environnement. La mutualisation est l’un des leviers majeurs pour réduire la pollution liée à la fabrication de livres, disques, instruments. Les médiathèques ont donc un rôle central à jouer dans cette évolution.
L’écologie c’est prendre en compte notre rapport au territoire. Vous allez engager lors de votre intervention dans les Jeudis du Rayon à la bibliothèque de Bordeaux Mériadeck une discussion autour de nos pratiques bas carbones dans le spectacle vivant.

Qu’attendez-vous de l’espace de parole qui vous est proposé durant ce festival au sein d’une bibliothèque ?

Nous attendons de partager avec nos collègues du RIM les enseignements que nous avons tirés de près de 10 ans d’expérimentation bas carbone, d’écouter leurs réactions, de discuter de leurs envies de passer à l’action, des freins qu’iels rencontrent et des leviers qu’iels peuvent actionner.

Par opposition aux salles mastodontes comme l’Arena ou aux festival géants comme GaroRock, votre propre festival, Les Furtives, festival à vélo, rentre-t-il dans cette démarche de sensibilisation du public en direction des bonnes pratiques ?

Les Furtives, comme l’ensemble des actions de SLowfest, sont pensées dans une logique de sobriété, de décroissance. Nous organisons des événements autonomes en énergie, avec des équipes qui se déplacent la plupart du temps en modes doux. Nous invitons aussi les publics à rejoindre ce mouvement car ce sont leurs modes de transport qui pèsent le plus dans l’empreinte carbone d’un événement. En faisant tout en train et à vélo, dans la joie et la bonne humeur, nous espérons motiver collègues et public à se mettre en selle. Pendant les Furtives, artistes, technicien.ne.s, bénévoles et publics, tout le monde pédale ensemble. Face au défi immense posé par le dérèglement climatique, nous croyons à la force de l’action collective.

Les acteurs de la scène musicale locale (artistes, programmateurs, associations, salles de spectacles…) vous semblent-ils de plus en plus concernés à la cause écologique ?

La plupart des personnes que nous rencontrons, que ce soit au niveau local, national ou international, ont désormais conscience de l’urgence. Le dérèglement climatique est là. La difficulté est celle de passer à l’action de manière suffisamment radicale pour réduire l’impact. Cela implique une remise en cause profonde de pratiques qui sont profondément ancrées dans le système capitaliste extractiviste, même dans la culture. Quand on veut aller au-delà du verdissement de façade, on se heurte vite à des obstacles structurels : le coût du transport en train par exemple, est un vrai frein. Il est encore fréquent qu’un voyage soit moins cher en avion qu’en train. Comment est-ce encore possible ? Il suffit d’une poignée de spectateur.ice.s qui prennent l’avion pour plomber le bilan carbone d’un festival. Donc oui, les acteur.ice.s de la culture sont concerné.e.s et ont un rôle à jouer pour mettre l’urgence écologique sur le devant de la scène politique.

Le public qui vous suit change-t-il lui aussi de regard sur la place de l’écologie dans les pratiques musicales à l’heure du tout streaming ?

Nous assistons clairement à l’émergence d’une vague. Une nouvelle scène constituée d’artistes et de publics qui mettent l’écologie au centre de leurs choix. Aux antipodes du tout digital et des giga-festivals, ce mouvement naissant est trans-générationnel. Ce ne sont pas que des vieux hippies qui trouvent que c’était mieux avant ! Il y a plein de projets artistiques en mobilité douce qui sont menés par une nouvelle génération d’artistes-activistes radicaux. Nous avons la chance de les côtoyer au sein du réseau Armodo (les arts à modes doux), que nous avons co-créé avec des collègues de France, Belgique, Suisse et Italie. Nous nous réunissons 2 fois par an pour des rencontres qui ont déjà fédéré près de 80 compagnies et festivals itinérants. C’est très rafraîchissant et plein d’espoir !

Un besoin se fait-il sentir de revenir à plus de relations humaines et de contacts ?

Je n’ai pas remarqué que ce besoin avait disparu. Pardon, il se peut que je vive dans une bulle. C’est sûr que l’individualisme a progressé avec l’avènement des réseaux sociaux mais tout ce que nous recherchons derrière nos écrans c’est finalement du lien, de la reconnaissance, l’appartenance à un groupe.

Vous terminez votre passage le 13 juin prochain en proposant un set solo de Whitney Anne Fliss qui nous embarquera dans un folk-punk, lo-fi hip-hop, good time American show. Le tout sonorisé par notre « Biclou Sound System », remorque solaire vélo-tractée.

Un dernier mot pour la fin pour convaincre les derniers réticents ?

Whitney est une artiste extraordinaire, une boule d’énergie débordante. Ses chansons sont souvent drôles, toujours touchantes. Comme beaucoup d’artistes de scène américain.e.s elle chante, danse et joue la comédie. J’adore cette approche « totale » de la scène. C’est aussi une personne fortement engagée pour l’écologie, qui a commencé par étudier les sciences environnementales à l’université avant de se lancer dans la musique. Slowfest produit plusieurs de ses spectacles, qui tournent en modes doux. Un concert avec Whitney, c’est toujours un bon moment !