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La Gazette du Festival 33 TOUR – épisode #10 : Rencontre avec Adrien Durand

Rencontre avec Adrien Durand, journaliste, écrivain, éditeur dans le cadre de sa venue à la bibliothèque de Bègles pour le festival 33 TOUR. Le jeudi 20 juin à 18h30.

Adrien, tu as sorti le roman Cold Wave aux éditions OTHELLO en septembre dernier. Un roman qui laisse une large place à la musique et qui prend aussi pour cadre le milieu de la nuit, des concerts et des festivals…

Peux-tu nous expliquer en quelques mots ton parcours et ce qui t’a amené à l’écriture de ce roman ?

J’ai d’abord été musicien dans le milieu plutôt DIY/Underground, j’ai fait pas mal de tournées, notamment à l’étranger dans un réseau plutôt alternatif. En parallèle, j’ai commencé à bosser dans l’industrie musicale (indépendante mais plus structurée). C’est de la désillusion ressentie dans ce milieu que m’est venue initialement l’envie d’écrire, pour raconter, déconstruire et aussi me moquer un peu des travers de la scène rock, sans me prendre au sérieux. Passer à la fiction après de nombreux articles et chroniques était un sacré défi mais j’avais envie de m’appuyer sur la musique pour raconter la force des obsessions adolescentes, les héritages fantasmés et la rétromania. Le roman s’appuie sur plein de choses que j’ai vécues (notamment en Amérique du Nord), mes souvenirs de premiers groupes, que je confronte aussi à la mythologie de la musique punk/new wave et des incartades dans le fantastique.

Le festival 33 Tour met en lumière la musique dans les bibliothèques. Quelle est selon toi le rôle des bibliothèques dans la diffusion de la musique et de la culture générale ? T’arrive-t-il de fréquenter les bibliothèques ? Pour y faire quoi ?

Y emprunter des livres pardi! Plus sérieusement, c’est un des derniers bastions d’une culture qui existe hors de la rentabilité, c’est une valeur importante pour moi. C’est grâce à la médiathèque à Angers où j’ai grandi que j’ai découvert Aphex Twin, Will Oldham, Charles Burns, Sylvia Plath ou Raymond Carver qui ont défini toute une culture. Mais je trouve ça super d’y proposer des événements pour décloisonner un peu ce genre de lieu, qui peuvent parfois donner l’impression à certaines personnes qu’ils ne sont pas faits pour elles.

Tu participes à un festival qui met aussi à l’honneur les acteurs de la scène musicale locale au sens large (musiciens, producteurs, programmateurs, journalistes, monde associatif …) Quel est ton rapport à la scène musicale d’ici ? Quelles sont les salles sur la Métropole que tu fréquentes ? Quels groupes du coin d’hier ou d’aujourd’hui qui peuvent constituer pour toi une référence ?

Je fais moins de chroniques qu’avant mais on m’envoie toujours les disques, j’essaie de suivre ce qui se fait dans le coin. Et puis, j’ai bossé pour certains groupes bordelais avant de vivre ici. Je ne me sens pas très bordelais (de la même manière que je ne me sentais pas très parisien ou angevin) mais j’apprécie l’énergie de pas mal de structures ici, Flippin Freaks, Club Teckel, Les Disques du Paradis, Pazapas, l’Athénée Libertaire, Le Type, Total Heaven, Nico à L’Utopia, Benoit qui programme à l’Iboat, et Blonde Venus. Mon amie Blondine Morrison se lance en solo, allez écouter sa musique c’est sublime. Mon groupe intemporel bordelais c’est Kap Bambino qui revient bientôt.

Le 20 juin à la bibliothèque de Bègles tu parleras de ton roman mais aussi des liens étroits qui existent entre la littérature et la musique… Si tu avais pu donner un Prix Nobel de littérature à un musicien comme ça a été le cas pour Dylan en 2016…A titre personnel, à qui l’aurais-tu décerné ?

Jenny Hval, je trouve ses textes sublimes.

Ta playlist pour illustrer tes influences musicales qui nourrissent aussi ton écriture ?